Présidentielles : Sarkozy, Le Pen, Hollande, Mélenchon et Poutou vus par le Groupe Révolution Socialiste (Antilles)
1. Le premier tour des élections présidentielles a montré, dans les
dernières colonies, un rejet de Sarkozy et de sa politique encore plus
fort qu’en France. Sans spéculer sur le sens des abstentions, on peut
dire de façon certaine que parmi celles-ci, en Martinique, un nombre non
négligeable est également synonyme d’opposition à la politique menée
par le pouvoir durant les 5 dernières années. Nous rappelons que dès le
soir de l’élection de Sarkozy en 2007 nous avions annoncé que
désillusions et mobilisations ne tarderaient pas. Nous nous réjouissons
évidemment de cette situation à laquelle ont contribué toutes les luttes
que nous avons menées en compagnie de beaucoup d’autres durant ces 5
années.
2. A l’inverse, le score élevé obtenu par le FN confirme l’existence
en France d’un nombre important de gens capables de s’accommoder du
racisme et de la xénophobie patentés de ce parti, voire même, pour une
partie de partager ces idéologies mortifères, largement encouragées par
les dérives des Guéant, Hortefeux, Sarkozy et autres. Il ne s’agit pas
d’une vraie nouveauté mais d’une persistance qui met le mouvement
progressiste et démocratique français devant un défi de taille.
Ses progrès électoraux chez nous montrent que nous ne sommes pas à
l’abri des réflexes et des pensées rétrogrades qui, sous couvert de
colère brute, font le lit de nos pires ennemis. Les porteurs de ces
messages de haine savent qu’ils ne trouveront auprès de nous aucune
complaisance sous quelque prétexte que ce soit.
3. Malgré son niveau modeste, le score de Philippe Poutou du NPA
réalisé dans des conditions de grandes difficultés (campagne tardive
après une longue bataille pour les signatures, candidat nouveau,
pression du vote Mélenchon) prouve l’existence durable en France d’un
courant à la fois anticapitaliste et anticolonialiste, capable de
s’opposer fermement à la vraie droite sans perdre son indépendance à
l’égard de ce qu’il faut bien appeler la fausse gauche de Hollande. Nous
analysons le score de Mélenchon comme le signe de l’existence en France
d’une volonté de résister aux agressions du Capital, d’une aspiration à
des solutions autres que les sacrifices imposés aux mêmes par les
mêmes. Mais nous maintenons notre vision très critique de la complicité
de Mélenchon avec la vieille idéologie coloniale de la «République une
et indivisible». La gauche française doit se débarrasser de cet héritage
pour être capable de nous reconnaitre comme des peuples avec qui il
s’agit de coopérer loin de toute ignorance et de tout paternalisme.
4. Le deuxième tour ne nous laisse que la possibilité du bulletin
Hollande si nous voulons participer à l’œuvre de salubrité publique de
dégager Sarkozy. Nous l’utiliserons pour notre propre compte, mais nous
ne mènerons aucune campagne, ne lancerons aucun appel ni pour la
personne, ni pour le programme, ni pour les perspectives représentés par
François Hollande. Nous rejetons toute responsabilité dans la politique
qu’il mènera et que sur bien des points nous combattrons à partir de
notre orientation anticolonialiste et anticapitaliste.
D’ores et déjà nous appelons à l’unité, à l’organisation et à la
mobilisation de toutes celles et de tous ceux qui refusent d’être les
souffre-douleurs d’une politique faite pour les puissants. Sous prétexte
de crise dont ils portent seuls la responsabilité. Les profiteurs d’ici
et d’ailleurs chercheront à accentuer les coups qu’ils nous portent. En
ce moment même, des licenciements criminels sont programmés à l’hôtel
Galion, des licenciements idiots menacent dans le secteur Sécurité, des
licenciements suspects se profilent chez Venutolo, des licenciements
scélérats et revanchards se déroulent à Outre-mer Télécom, tandis que
des postes sont supprimés en pagaille dans la fonction publique,
dépouillant l’Ecole, la Santé, de service public de l’Emploi. Le «vrai
travail» est mis à l’encan sans ménagement!
Le 1er mai est la première occasion qui se présente de
dire notre volonté de résistance. Le GRS soutient sans réserve celles et
ceux qui dans cette échéance adoptent la seule attitude réaliste: celle
de l’unité de celles et ceux d’en bas pour la défense de leurs droits
et pour les avancées radicales qui ouvriront le chemin vers des
lendemains d’espérance.
Fort-de-France, le mardi 24/04/2012