Montpellier. Justice ! Dignité !

Nous avons marché contre le racisme et l'état policier.


Dimanche matin...
Après être passé au local pour récupérer nos tables pliantes, la sono, les 500 tracts tirés pour le collectif unitaire, des pancartes « Désarmons la police » et « Bienvenue aux migrantEs », des journaux et des autocollants, on arrive au jardin du Peyrou vers 11h30. Les copines d’Amnesty International ont le même timing et arrivent avec le matériel pour l’animation « parcours des migrantEs ». Les camarades du collectif Migrant-e-s Bienvenue 34 sont déjà présentEs avec la magnifique banderole, créée par JERC (https://www.facebook.com/jercdessin/?fref=ts) et les 3 énormes et superbes portraits à l’effigie des copains du CAO, créés par Al Sticking (https://www.facebook.com/al.sticking?fref=ts). Les camarades de la Coordination des Groupes Anarchistes, de la Collective et d’Ensemble sont également déjà présentEs sous le soleil de Montpellier. Les membres de RESF34 et de la CIMADE qui sont partie prenante de la Marche pour la Dignité et la Justice de Montpellier ne tardent pas à nous rejoindre.
Dessin de JERCwww.facebook.com/jercdessin
On occupe donc un petit bout du jardin du Peyrou, pour pique-niquer avec les copains hébergés au CAO venus nous rejoindre. Les promeneurs/promeneuses s’arrêtent aux tables militantes. On n'est pas aussi nombreuSEs qu’on aurait voulu mais les créations des artistes pour le collectif Migrant-e-s Bienvenue 34 nous donnent l’impression d’occuper le terrain et de poser les questions de la solidarité avec les migrantEs. D’ailleurs, doit-elle aller jusqu’à la régularisation des sans-papiers ? Jusqu’à la liberté de circulation et d’installation ? Et notre dénonciation des violences policières. Se contente-t-on de dénoncer quelques brebis galeuses dans les rangs de la maréchaussée ou bien analyse-t-on que les meurtres et les viols commis par les flics sont la partie émergée d’un racisme institutionnalisé qui, par l’état d’urgence permanent, est bien utile au système capitaliste pour fabriquer un autre, un pas comme nous, un ennemi intérieur d’où viendraient tous les problèmes.
Alors avec d’autres membres du collectif, on discute des arguments avancés par les organisations montpelliéraines qui ne sont pas avec nous aujourd’hui pour dénoncer ensemble le racisme : pas de réponse à nos invitations à participer au collectif unitaire à l’origine de l’initiative, on n'aurait pas envoyé d’invitation officielle ou bien, au contraire, on n'aurait pas dû inviter certaines. Je passe sur les désaccords « de forme» du texte, pourtant élaboré collectivement, qui auraient pu être dépassés pour arriver à une mobilisation massive et frontale contre les politiques racistes des gouvernements passés, actuels et futurs.
Des centaines de milliers de manifestantEs contre le racisme et pour l’accueil des migrantEs à Barcelone ou à Londres. En France, 7000 manifestantEs à Paris et 200 à Montpellier. C’est décourageant parfois de militer avec l’humanisme et l’internationalisme comme boussole. Est-ce le contexte politique des élections présidentielles avec tous les candidat-e-s du pognon qui déroulent leurs programmes sécuritaires et racistes ? En même temps ce sont bien des gouvernements PS/EELV qui depuis 4 ans ont expulsé les RromEs, surfé sur l’islamophobie, soutenu le pouvoir raciste et d’apartheid de l’Etat d’Israël contre les PalestienNEs et refusent encore d’accueillir les migrantEs qui arrivent jusqu’en France. Les luttes antiracistes sont donc permanentes. Et nous, militantEs du NPA, sommes fierEs de présenter un candidat qu’on retrouve à côté des migrantEs à Calais, à Paris, qui met en avant le désarmement de la police… mais nous ne tirons aucune fierté que ce soit le seul. Ce constat est au contraire alarmant ! La dérive réactionnaire et raciste entraîne petit à petit tous les politiciens professionnels. Nous ne sommes pas dupes face à la mascarade électorale et nous savons que c’est dans la mobilisation quotidienne, avec notre militantisme des luttes, qu’on avance dans la bonne direction, avec les bons mots d’ordre antiracistes et internationalistes. Pas les miens, mais ceux qui sont issus de la discussion et de l’élaboration collective.
Passée la digestion du pique-nique, on prend la parole au micro et on part en manifestation. Un cortège de 200 militantEs, énergique, qui scande et anime ce centre-ville de Montpellier, avec notre superbe banderole et nos 3 énormes portraits, et la batucada militante qui impose le tempo. On bloque un peu la circulation, mais la majorité des personnes attend sans problème, voire se permet un « mort aux vaches » en soutien à notre manifestation. Un premier passage devant la Préfecture, on n'est pas fatiguéE et on descend sur la Comédie. On se fait traiter de racailles par un vieux réac’ de passage, on est rejoint par des passantEs et on remonte à la Préfecture, emblème des politiques racistes du pouvoir. Symboliquement, on accroche aux grilles les 3 portraits géants des copains du CAO qui sont sous la menace d’une expulsion Dublin, sous les regards des flics postés de part et d’autre de la préf'. Et là, grand moment, un groupe de femmes nous ayant rejoint pendant la manifestation prend le micro. Un magnifique discours dénonçant la devise de l’Etat français et demandant « juste » l’égalité, enchaîné avec un gospel reprenant Nina Simone et Aretha Franklin. C’est beau...c’est chaud...on applaudit à tout rompre. Tout le monde se regroupe pour une photo finale, devant la Préfecture. Je repars avec des idées qui trottent sur comment mobiliser davantage, comment fédérer les luttes antiracistes, comment les coordonner...tout en fredonnant « aint’got no... » et « freedom... ».

Romain correspondant NPA34

Déclaration du NPA34
à l'occasion de la MARCHE POUR LA JUSTICE ET LA DIGNITÉ du 19 mars 2017
Contre le racisme, les violences policières, la hogra, la chasse aux migrant-e-s et pour la liberté des circulation. La manifestation nationale d'aujourd'hui sera sur ces sujets la manifestation la plus importante depuis plusieurs années en France. Aux côtés des familles de victimes, d’Urgence notre police assassine, du collectif Vies volées, de l’Assemblée des blesséEs mais aussi des collectifs de sans-papiers et des foyers de travailleurs, vont converger à Nation de nombreux-ses manifestant-es venue des banlieues et de nombreuses villes de province.

La fabrique de l’ennemi intérieur

Parce que face à nous, République va continuer de rimer avec racisme d’État et renforcement des politiques sécuritaires. Le FN en tête des sondages, Marine Le Pen qui relance sans cesse la surenchère contre l’immigration, la « menace islamiste » et sur la sécurité talonnée par Fillon, désormais rejoint par Macron qui chasse aussi sur ce terrain.
Fabriquer l’ennemi intérieur est une nécessité pour la survie de ce système. Pour justifier la répression de ceux et celles qui se révoltent, pour contrôler toujours l'expression et la circulation des personnes. Pour diviser ceux et celles à qui on va, encore et encore, imposer plus de sacrifices, pour au final favoriser les patrons, et, autour de l’État et de sa police, autour d’un pseudo « intérêt national », du drapeau et de la Marseillaise, unir une fraction importante de ceux et celles que le capitalisme asservit et exploite.
Quelle est l'urgence de l'heure ? D’abord se mettre au clair sur les bases de notre lutte, de notre unité. N’en déplaise à Mélenchon ou Hamon, la police dite républicaine est aussi raciste que la République elle-même.

Leur « ordre », nos solidarités

On n’oublie pas : ce 19 mars c'est aussi le 19 mars 1962, le cessez le feu et la victoire remportée par le peuple algérien contre le colonialisme de la République française. On ne pardonne pas : on aura à la mémoire, aux côtés aujourd'hui des victimes de la police « républicaine », les centaines d’Algériens massacrés dans les commissariats parisiens ou jetés dans la Seine en octobre 1961.
Car ce que l’on combat, ce ne sont pas quelques brebis galeuses mais un système policier. On ne se bat pas uniquement contre la police mais contre l'ordre social raciste, qu’elle défend : celui des frontières qui légitime une société du contrôle généralisé, celui de la chasse aux sans-papiers, qui légitime les contrôles au faciès et les descentes dans les foyers, celui de la « compétitivité de nos entreprises » qui légitime la chasse aux pauvres, le harcèlement des quartiers populaires et la répression du mouvement.
N’en déplaise à tous les candidats dominants, nous au NPA, on ne veut pas, on ne veut plus de flics ni de militaires, qu’ils soient « formés » ou non, de proximité ou pas. Nous voulons désarmer la Police. On veut fermer les commissariats, les prisons, les centres de rétention et ouvrir, dans nos quartiers, des écoles, des hôpitaux, des dispensaires dans les campagnes…et aussi ouvrir les portes des logements vides. On ne veut pas plus de frontières, ni de murs ou de barbelés qui sont autant d’entraves mais plus d’égalité pour touTEs, avec d’abord la liberté de circulation et la régularisation de tous les sans-papiers.

En mouvement, pour continuer...

Pour que cela devienne une alternative concrète, nous devons nous organiser tisser des solidarités, dans les quartiers, les écoles, les lieux de travail, aux côtés des familles de victimes, aux côté des collectifs de sans-papiers, au côté des foyers de travailleurs en lutte, au côtés des migrantEs, aux côtés des jeunes harcelés par les flics. Contre le racisme, contre l’islamophobie et contre les violences policières, la place des premierEs concernéEs est et doit être centrale dans la lutte. Il n’y aura pas d’unité possible dans notre classe sans cela. Le racisme est un obstacle à la lutte des classes.
C’est parce que les jeunes des quartiers se sont révoltés suite à l’agression de Théo et qu’ils et elles ont suscité un mouvement de solidarité que l’agression d’Alexandre par un policier municipal en octobre 2015 a été requalifiée en viol. C’est aussi grâce à ce mouvement, grâce à la mobilisation autour de la marche et parce qu’Amal Bentounsi s’est battue pendant 5 ans que le flic qui a tué son frère de 4 balles dans le dos a été jugé coupable en appel alors qu’il avait d’abord été acquitté.
Mais ce lundi 13 mars, trois frères d’Adama Traoré ont à nouveau été arrêtés. Les gendarmes qui l’ont tué sont eux toujours en liberté, comme le flic qui a violé Théo. Et le 2 mars, la Commission Européenne a sorti un document préconisant des expulsions massives de migrantEs...
Le gouvernement divise le camp populaire par la peur, le racisme, la répression, les attaques contre tous nos biens communs. Nous ne sommes pas très nombreux mais les militant-e-s du NPA sont mobilisé-es pour les droits au travail, au logement, à la santé, à l’éducation, pour l’accueil des migrants, contre les grands projets inutiles et les guerres. Contre l’identité nationale, thème central de cette campagne présidentielle, nous devons affirmer  notre identité sociale et la communauté d’intérêts des opprimé-e-s et des exploité-e-s. Avec tous ceux et celles qui le veulent nous travaillerons à la convergence, à la cohérence de nos luttes sur tous les terrains, du local à l’international. C'est ce qu'essaient de porter les militants-es NPA 34, vous le savez nous avons eu les 500 signatures alors c'est ce que nous porterons avec notre candidat Philippe Poutou dans cette campagne électorale.

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